Colossia publication 300 pages, livre d'apprentissage de la langue Colossia, 2014
EN:
Elaborating on Wittgenstein’s assertion that the limits of language mean the limits of the world, as we cannot think what we cannot say, Franco Bifo Berardi has suggested that only an act of language can enable the emergence of a new human condition, as the extension of the world itself depends on the complexity of our thinking, and this latter depends on the potency of our language.
What happens, then, when someone decides to invent her/his own language? What if this language was potentiated by the entanglement of verbal matter with expanded sensorial perception? Which patterns of thought could blossom from it, which new worlds could be produced and explored?
Colossia—an inquiry sprouting at the intersection between linguistic experimentation and a sensorial exploration of synaesthesia—brings up these questions.
Colossia is an artificial language designed by Galaxia Wang for the purpose of making accessible his own system of perception, altered and intensified by synaesthesia. It is intended to give direct access to the way the artist perceives the world and feels: an invitation to an encounter occurring through the senses, where language becomes the medium chosen by the artist to establish a contact with non-synesthetes.
The linguistic system manufactured by Galaxia gains substance not only from verbal matter (signs, phonology, vocabulary and grammar), but also from colours and sounds, which relate to one another according to a complex architecture of correspondences. As a result, the act of speaking Colossia might generate hallucinatory effects of meaning and feeling, for the semiotic concatenation of a sentence is designed to exceed the codified correlation between signifier and signified.
Put differently, the ability to master this language opens the doors of perception to the expanded experience that synaesthesia produces: flows of signs, colours and sounds, instantly translate into each other and transform reciprocally. For this reason, learning to speak Colossia demands a sensorial training as well, as it means learning to practice this simultaneous sensorial translation in your mind and in your body.
FR:
À partir de l’assertion de Wittgenstein selon laquelle les limites du langage limitent aussi le monde parce que nous ne pouvons pas penser ce que nous ne pouvons pas dire, Franco Bifo Berardi suggère que seulement un acte de langage peut permettre l’émergence d’une nouvelle condition humaine, car l’expansion du monde dépend elle-même du degré de complexité de la pensée, qui à son tour procède du potentiel du langage.
Que se passerait-il, alors, si la matière d’un langage était augmentée par les perceptions sensorielles ? Quels motifs de pensée pourraient en éclore ? Quels mondes nouveaux pourraient naitre et être explorés ?
Le Colossia, une recherche qui a germée à l’intersection entre expérimentation linguistique et exploration sensorielle de la synesthésie, pose ces questions.
Le Colossia est une langue artificielle conçue par Galaxia Wang afin de rendre accessible son propre système de perception, altéré et intensifié par la synesthésie. Cette langue a pour but de donner un accès direct à la manière dont l’artiste perçoit le monde et le ressent : une invitation à une rencontre qui se provoque par les sens, où cet idiome devient l’entremetteur choisi par l’artiste pour établir un contact avec les non « synesthètes ».
Le système linguistique fabriqué par Galaxia gagne en substance non seulement à partir de matière verbale (signes, phonologie, vocabulaire et grammaire), mais aussi à partir de couleurs et de sons, qui se relient entre eux selon une architecture complexe de correspondances. Conséquemment, l’acte de parler Colossia peut générer des effets hallucinatoires de sens et de sensations, car la concaténation des phrases est conçue pour excéder la corrélation entre signifié et signifiant.
Autrement dit, l’aptitude à maitriser la langue, ouvre les portes de la perception à l’expérience étendue que procure la synesthésie : un flux de signes, de couleurs et de sons, instantanément traduits et transformés les uns dans les autres. Pour cette raison, apprendre à parler Colossia exige l’entrainement des facultés sensorielles, car cela implique d’apprendre cette pratique de traduction simultanée par l’esprit et le corps tout entier.
EN:
Far from its definitive accomplishment, Colossia is an ongoing process, a generative framework engendering a growing number of practices. Indeed, struggling in the endeavour of cracking his own system of perception and inviting others in his singular vision of the world, the artist has inflected the language into a variety of forms and formats, aimed at exploring the functioning of the “colossian” sound-, colour- and even smell-system. The resulting corpus of works is ostensibly oriented to reach the rank of oeuvre totale, as a multi-medium syntax capable to affect all senses at once.
FR:
Loin d’être accompli, le Colossia est un procédé continu, une structure qui génère un nombre toujours croissant de pratiques. En effet, dans l’épreuve difficile de décrypter son propre système de perception et invitant les autres dans sa vision singulière du monde, l’artiste a démultiplié la langue dans une variété de formes et de formats, visant à explorer le fonctionnement des sons, des couleurs, et même des odeurs du Colossia. Le corpus d’œuvres qui en résulte tend ostensiblement à atteindre le rang d’oeuvre totale, supposément formée d’une syntaxe pluri-vectrice capable d’affecter tous les sens à la fois.
EN:
Another work designed to disclose the functioning of Colossia is Nzryk (Bird, 2014). Unlike Li böhgjhnu j-olisü j-Bzrnnk, Projet Coloossiaa and Algol, Nzryk does not aim at deciphering the sensorial codes underlying the language, but rather at exposing the way Colossia can operate as an effectual system of communication. A short movie featuring the fictional dialogue between a grandmother and her grandchild serves as a pretext to give a concrete example of how Colossia can be employed as a medium for actual interaction.
FR:
Une autre œuvre conçue pour révéler le fonctionnement du Colossia est Nzryk (Oiseau, 2014). À la différence de Li böhgjhnu j-olisü j-Bzrnnk, Projet Coloossiaa et Algol, Nzryk n’a pas pour volonté de déchiffrer les codes sensoriels que sous-tend la langue, mais plutôt d’exposer la façon dont le Colossia peut opérer en tant que système de communication effectif. Une vidéo présentant le dialogue fictif entre une grand-mère et son petit-fils, sert de prétexte pour donner un exemple concret de comment le Colossia peut être employé comme l’intermédiaire dans une interaction.
Footprints
Installation, mix media, variable size, 2015
EN:
But why investing so much effort in learning such a peculiar language? What does it mean to learn Colossia, and what could it do for us, for its speakers?
The trajectory Galaxia sketches in his installation Footprints (2015), infers that mastering Colossia gives access to a portal through which the “colossian” speaker can enter new worlds, bridge parallel universes. This concept is unpacked in the mentioned multimedia installation, which welcomes the spectators in a sort of gate, a space of transit for the journey to begin. The whirlwind of colours, lights and sounds filling the space, and the feeling they instil, suggest that to be travelling is first and foremost a state of mind, which can emanate from sensorial stimulations. The journey is enabled by a knowledge of Colossia, and this is the reason why Colossia students do not get diplomas, but a passport instead (Colossia Passport, 2015).
FR:
Mais pourquoi s’investir dans tant d’efforts afin d’apprendre une langue si particulière ? Que signifie apprendre le Colossia, que peut-il pour nous, pour ses locuteurs ?
La trajectoire que Galaxia esquisse dans son installation Footprints (2015), laisse entendre que le Colossia donne accès à un portail, par lequel le locuteur « colossien » peut accéder à de nouveaux mondes, traverser des univers parallèles. Ce concept se déploie dans l’installation multimédia susmentionnée, qui invite le spectateur dans une sorte de sas, un espace de transit permettant d’entreprendre un voyage. Les tourbillons de couleurs, de lumières et de sons remplissant l’espace et les sensations qu’ils instillent, laissent supposer que voyager est d’abord et avant tout un état d’esprit, qui peut émaner de stimulations sensorielles. Le voyage est facilité par la connaissance du Colossia et c’est pour cette raison que les étudiants de Colossia ne reçoivent pas de diplômes mais un passeport (Colossia Passport, 2015).
Documentation installation
lasurite@icloud.com